Traitres à la patrie

Nous qui produisons toutes les marchandises, qui les déplaçons, qui les vendons, les réparons, sans y voir de bénéfices. Nous qui nettoyons, qui soignons, qui ramassons. Nous qui sommes seuls face au petit chef, au contrôleur de la caf ou de l’autobus. Nous avons en commun la dureté de l’exploitation, celle de se lever chaque matin pour recommencer. Nous ne connaissons que le mépris de la part de nos exploiteurs : patrons, propriétaires, politiques de tout bord, ce sont eux qui s’accaparent le produit de notre labeur et qui le font fructifier indéfiniment en nous laissant à peine de quoi vivre. Ils en veulent toujours plus et c’est pourquoi nous devons travailler toujours plus vite et plus longtemps. Il est pourtant dur aujourd’hui de remplir nos frigos, de nous soigner, de chauffer nos logements, de nous déplacer, de trouver enfin du répit.

 

Cette situation nous la partageons avec la majeure partie de l’humanité, c’est la guerre du quotidien que nous mènent les bourgeois à travers les frontières et les séparations en tout genre, identitaires, nationales, religieuses, tant de divisions qui nous rendent en apparence trop différents pour affronter l’ordre et l’économie ensemble. La guerre, bien sûr, ils la font entre eux pour s’accaparer tel ou tel marché, défendre tel ou tel intérêt. Ils nous y entraînent, nous somment de choisir un camp, de participer à l’effort, de nous mettre au pas mais, finalement dans les bombardements, les massacres, ce sont nos semblables qui sont tués.

En France, à droite et à gauche les bourgeois nous proposent un grand cirque démocratique. Le ticket d’entrée c’est notre bulletin de vote et en avant la musique ! Clowns racistes, jongleurs hypocrites, magiciens libéraux, tous rêvent d’être le terrible dompteur ! A la fin de la soirée nos poches sont vides et au petit matin on retourne travailler. Au final rien à changé, l’hécatombe en Méditerranée, les meurtres policiers, les sans-papiers harcelés, les chômeurs chassés, tout le monde est exploité. Les immondices xénophobes sont en vogue, exultent à travers les écrans, les journaux, ils nous promettent l’enfer, confortés par les relents nationalistes qui nous parviennent de partout, comme le goût du beurre rance laissé à traîner trop longtemps. Alors la riposte s’organise, branle-bas de combat ! 36 ! Le front populaire ! Si l’histoire se répète deux fois, c’est d’abord comme une tragédie puis comme une vaste blague. La gauche n’a pas trahi non, la gauche a toujours été du parti du calme, de la remise au travail, des fausses promesses et des vraies saloperies ! France, Grèce, Espagne, la gauche marchepied du capital. Assez !

Nous n’avons rien à attendre de la politique politicienne ! Il y a peu de temps, beaucoup d’entre nous se retrouvaient sur les ronds-points et dans les rues, faisant trembler les ministères et plus récemment exprimaient par le feu la haine contre l’État assassin en banlieue ou en territoire colonisé. C’est dans ces moments que l’on peut prendre la mesure de notre force collective et de la possibilité d’une lutte pour nous et pour tous.

Nous ne sommes pas seuls. En Iran, Colombie, Nicaragua, au Bangladesh, en Nouvelle-Calédonie et ailleurs, nombreuses sont les révoltes contre l’insulte du quotidien, nombreux sont les exploités qui ne veulent plus se laisser faire face à l’État et le combattent. Inspirons nous de ces luttes, de ces pratiques qui sont en rupture avec l’ordre établi.

On n’en peut plus de ce chantage au moins pire, de ces faux dilemmes et de ce quotidien de misère !

A tout ceux qui veulent détruire les règles du jeu !

Des-traitres-à-la-patrie.